Transmission d’informations par l’animateur aux résidents sur la mémoire

 Emmanuelle Goury-Meyer, auteur du livre intitulé "Ateliers mémoire", estime qu'il est indispensable de fournir aux résidents des informations sur le fonctionnement de la mémoire, afin qu'ils comprennent l'intérêt de l'entretenir. Elle explique ci-après le fonctionnement de(s) mémoire(s).

Définir la mémoire

C’est la capacité à acquérir une information, la conserver et la restituer. On parle d’encodage, stockage, consolidation et restitution.

 

Par exemple, lors d’une étape d’apprentissage d’un poème, l’animateur stipule le moment de l’enregistrement lors d’une première lecture, puis évoque le moment de consolidation par la répétition de la lecture du poème, puis la restitution du poème. L’animateur choisit des poèmes ayant du sens pour les résidents dénotant leur intérêt et leur curiosité pour faciliter la mémorisation et donc le rappel du poème.

 

La mémorisation fait également appel à d’autres fonctions cognitives essentielles :

  1. L’attention est un élément principal à la rétention de l’information. Ainsi les résidents qui souhaitent retenir une information doivent le faire dans de bonnes conditions : pas ou peu de bruit, pas ou peu de stimuli parasites. Il faut leur permettre d’être totalement concentré sur l’information donnée. Dans le cas, par exemple, de cette résidente à qui on transmet une information dans un couloir, on considère que les conditions ne sont pas réunies pour la rétention des données. Les professionnels doivent en tenir compte.
  2.  La motivation : on retient bien mieux lorsque qu’on en a envie car on effectue un effort nécessaire à la motivation. Certains résidents évoquent fréquemment leur difficulté à se rappeler de leur repas. L’animateur rassure le cas échéant sur l’intérêt pour les résidents à retenir cette information. On souligne ici le contexte, le repas est servi, elles n’y participent pas et ne s’inscrit pas particulièrement dans un moment émotionnel particulier. Nous retenons bien mieux lorsqu’il y a plaisir et émotion ou intérêt et curiosité.

L’envie, la curiosité, la confiance, la disponibilité, l’émotion, les stratégies, la répétition sont essentiels à la mémorisation, la fixation.

Les différentes mémoires

L'animateur peut apporter des informations aux résidents si il le souhaite sur les différentes mémoires :

 

  1. Mémoire sensorielle : enregistre des stimuli sensoriels. Elle comprend la mémoire iconique et échoïque. La mémoire iconique correspond à ce qui est visuelle. Elle permet le maintien d’une image lors du battement de la paupière. La mémoire échoïque  concerne ce qui est de l’ordre de l’audition. Elle permet de maintenir le son quelques millisecondes.
  2. Mémoire à court terme : tâche mnésique de courte durée. Elle permet de réutiliser une quantité de données dans un laps de temps très court. Un adulte ne peut retenir plus de sept éléments (plus ou moins deux informations). Cette information est essentielle à connaître pour la mise en place d’exercices.
  3. Mémoire à long terme : elle se décompose en mémoire épisodique, sémantique et procédurale (voir plus bas). 
  4. Mémoire des faits récents : évènements qui se sont écoulés dans les secondes, minutes, heures, jours, mois et années proches. Elle est à différencier de la mémoire des faits anciens. La mémoire des faits récents est la plus fragile.

Il faut, par exemple, continuer à lire le journal, écouter ou lire les informations.

En fonction des difficultés des personnes, on élabore avec eux des stratégies pour retenir certaines informations. 

 La mémoire à long terme se décompose comme suit  :

a) Mémoire épisodique : il s’agit de souvenirs d’expériences personnelles qui construisent l’histoire des personnes. Ce sont les souvenirs autobiographiques.  

b) Mémoire sémantique : elle a une durée et une capacité illimitée. Il s’agit de la mémoire culturelle et de la mémoire des concepts. Elle se travaille en continuant à faire des mots croisés, en discutant.

c) Mémoire procédurale : les savoir-faire, les séquences de gestes qui s’effectuent de façon inconsciente comme se laver les dents, par exemple.

 

Le vieillissement non pathologique

Il existe souvent une plainte mnésique chez des personnes n’ayant pas de troubles cognitifs confirmés lors de tests. Dans ces situations, l’animateur peut donner des indications sur ces sensations. Les plaintes proviennent de l’attention qu’on y porte, de l’état psychologique des personnes. Les résidents qui s’isolent, expriment de la solitude, de la tristesse, des signes de dépression, ont tendance à évoquer des signes de diminution de leur mémoire provenant de leur état psycho-affectif. L’animateur sera particulièrement attentif aux facultés sensorielles telles que la diminution visuelle par exemple.

Il est normal en vieillissant d’utiliser plus de temps pour effectuer une tâche. Il est très compliqué d’effectuer plusieurs tâches en même temps. L’animateur doit en tenir compte aussi pour mettre en place les activités, les tâches proposées sont indépendantes, s’effectuent les unes après les autres. Les personnes plus âgées deviennent plus affectées par l’environnement comme, par exemple, le bruit qui ne permet pas le soutien de l’attention de façon optimale.

 

Ce qu’il faut savoir sur la mémoire

Il convient de retenir les points suivants :

 

  • Mieux connaître la mémoire permet de mieux l’appréhender. On s’en fait une amie plutôt qu’une ennemie ;
  • La mémoire est complexe, on n’en connaît pas encore aujourd’hui le fonctionnement complet ;
  • Nous savons que lorsqu’on a un vieillissement normal non pathologique, elle ne se perd pas. L’intérêt est de connaître son fonctionnement pour mieux l’utiliser, mettre en place des stratégies, des outils, un environnement facilitant le rappel.

S’agissant de l’oubli, il convient de retenir :

 

  • Parfois les informations oubliées sont récupérables ; elles peuvent avoir été soit mal encodées, soit il y a eu des interférences, soit on essaie de les faire ressurgir de la mauvaise façon.
  • Importance de la récupération et des stratégies utilisées : je me rappelle d’un numéro de téléphone en utilisant une stratégie par numéro, le premier chiffre correspond par exemple au numéro de mon département.
  • On évoque les traitements qui peuvent perturber la mémoire ainsi que les troubles du sommeil.
  • On parle d’outils tels que, l’agenda, le réveil, la lecture des informations, de façon quotidienne. Il est évoqué l’importance de continuer à faire des activités telles que la lecture, l’écriture, faire son lit, faire des mots croisés.

 

 

 

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